Midgard
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Première partie : Au commencement

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Message  Ouroboros Mar 5 Mai - 15:22

Chapitre 1 : La fin d'un monde

Le feu qui courrait à une vitesse époustouflante dans la luxuriante végétation faisait un véritable carnage.
Le conseiller regardait la scène de loin, sachant pertinemment qu’il ne tarderait plus à périr, comme ses compagnons. Il ne s’y était pas vraiment préparé mais accueillait l’événement avec une sérénité dont il était le premier surpris. Il savait ce qu’il lui restait à faire, aucune autre alternative ne se présentait à lui. Et il le ferait sans la moindre hésitation car il partirait bientôt en fumée. Il allait devoir jouer contre le temps qui lui était désormais compté.

Le Seigneur ne serait certainement pas enchanté par un acte aussi désespéré, mais il ne lui laisserait pas le loisir de décider. Combien d’individus allait-il pouvoir sauver avec le peu de Vie qui restait ? Vraiment pas assez, mais ceux-là seraient sauf, pour un temps du moins.

Comment avait-on pu en arriver là ? Comment les choses avaient-elles pu dégénérer à ce point ? La guerre n’était jamais une belle chose et il y avait toujours beaucoup de morts. Mais comment était-il possible que l’extermination pure et simple de tout un monde puisse survenir ainsi ? Cela dépassait de loin la compréhension du conseiller qui n’avait pu que regarder dégénérer des événements hors de tout contrôle. Il connaissait bien entendu les mécanismes qui avaient engendré ce cataclysme, mais il ignorait comment on avait pu en arriver au point d’ignorer les avertissements lancés par la planète et persévérer dans la galopante destruction de la vie.
Le feu gagnait encore en intensité et devenait fou de bonheur avec toute cette végétation qu’il pouvait consumer à loisir. L’incendie s’était déclaré et propagé à une vitesse folle sans que le Souffle d’Esprit ne puisse rien y faire. Un feu magique qui détruisait la forêt et exterminait inexorablement les peuples qui y vivaient.

Il fallait faire vite. La moitié des membres du Concile avaient déjà péri par les flammes et eux seuls étaient capables de réunir assez de pouvoir pour sauver ceux qui pouvaient l’être. Le conseiller sauta de la branche sur laquelle il était perché et couru aussi vite qu’il le pouvait pour rejoindre les survivants de son peuple, laissant dans son dos le carnage d’où s’élevait un immense panache de fumée noire qui obscurcissait le ciel.

Plus loin, dans une grande clairière étaient réunis tous ceux qui avaient échappé au massacre. Le conseiller faillit en perdre son équilibre en voyant combien ils étaient. Si peu de survivants pour un peuple autrefois si prospère ! Quatre escouades, compta-t-il. Une centaine d’individus en plus du seigneur et des autres membres du conseil. C’était horriblement peu, presque insignifiant. Presque …

Et tous semblaient avoir perdu espoir, ce qui était parfaitement compréhensible. Face à l’extermination de son peuple, la perte de sa famille et de ses amis, n’importe qui perdrait sa bonne humeur. Mais il restait tout de même une chance de sauver ceux qui avaient survécu jusque là. Et au moins, le conseiller n’avait plus à se soucier du nombre car il restait largement assez de Souffle de Vie pour si peu de personnes.

- La Canopée Royale a entièrement brûlé, annonça sombrement le conseiller. Il n’en reste rien.

Plusieurs survivants portèrent une main tremblante à leur visage horrifié, les autres tournèrent leur regard vers leur Seigneur qui resta tétanisé par la nouvelle. C'était prévisible, le brasier anéantissait tout et progressait aussi implacablement qu'un raz-de-marrée incandescent, se nourrissant de la Vie qu'il consumait dans son oeuvre destructrice. Pourtant, même si cela n'était pas vraiment une surprise, cette nouvelle fit un choc au jeune Seigneur que les genoux refusèrent de porter plus longtemps.

- Ainsi, nous mourrons ici et maintenant, sans même avoir une chance de nous défendre, murmura-t-il désespéré.
- Il nous reste une chance de vous sauver, Seigneur.

Tous se tournèrent vers le conseiller sous le coup de la surprise provoquée par une telle affirmation mais ils semblaient penser qu’il divaguait. Ils avaient bel et bien perdu tout espoir.
L’espace d’un instant, le conseiller se demanda si cela valait la peine de leur infliger une telle souffrance pour leur permettre de se refaire une vie puisque qu’ils avaient déjà perdu la volonté de survivre.
Non ! Se dit-il. L’espoir renaîtra et ils survivront. Il le faut ! Nous ne pouvons disparaître ainsi.

- Nous pouvons utiliser le Souffle de Vie pour vous envoyer commencer une nouvelle vie ailleurs. Ainsi vous pourrez vivre et faire survivre la mémoire de notre peuple.
- Vous n’y songez pas sérieusement ! Intervint un autre conseiller. Imaginez-vous la souffrance que cela produit de briser le Lien ? Et vous envisagez de leur infliger cela alors qu’ils ont déjà perdu tous leurs parents et leurs amis dans la fournaise ?
Tous les autres semblaient trop abasourdis pour émettre le moindre commentaire.
- J’en suis conscient, mais si nous n’agissons pas, ils perdront aussi leur vie dans les flammes et notre peuple disparaîtra à jamais.

Tous réunis autour du conseiller, ils baissèrent les yeux vers leur terre natale ou les levèrent pour regarder le sombre nuage de fumée noire qui couvrait la moitié du ciel. Mourir carbonisé ne devait pas être un sort agréable, mais cela valait-il la peine de continuer à vivre alors qu’ils n’étaient plus qu’une centaine ? La mémoire du peuple serait certes sauve, mais pour combien de temps ? Avec si peu de survivants, les Elfes Sylvides finiraient par disparaître pour de bon, alors à quoi bon prolonger une agonie qui mènerait au même résultat ?

Le conseiller regarda son jeune Seigneur. Dans ces circonstances plus que dramatiques, apocalyptiques, il se retrouvait beaucoup trop tôt à la tête de son peuple, dont il ne restait plus que des lambeaux, et il n’avait aucune expérience.
- Il ne faut pas abandonner, Seigneur ! Il subsistera toujours une parcelle d’espoir aussi longtemps que la sève de la vie alimentera nos corps. Votre défunt père ne serait pas fier de vous si vous abandonniez le peuple qui vous échoit par son trépas sans même lutter pour le préserver.

Le jeune Seigneur regarda son conseiller comme s’il l’avait offensé, puis son expression se radoucit. Alors il leva les yeux vers le ciel encombré d’une fumée rougeoyante illuminée par l’incendie magique qui faisait rage en dessous. La rougeur morbide des flammes déchaînées faisait corps avec la magnifique couleur du coucher de soleil.

Soudain, sans le moindre signe avant-coureur, l’un des elfes s’écroula en hurlant de douleur. Son cri perça les tympans du Seigneur et de son conseiller. Plusieurs survivants s’approchèrent du moribond pour tenter de l’apaiser tandis qu’il se roulait par terre en s’égosillant, mais ils ne pouvaient rien faire d’autre que de le regarder mourir sur son bûcher. Le jeune seigneur s’agenouilla auprès de lui et tenta de lui transmettre un peu de Souffle d’Esprit pour calmer la douleur en attendant son trépas, désormais inévitable.
Rien n’indiquait qu’il fut menacé par quoi que ce fut, mais tous savaient qu’il ressentait dans son corps et dans son esprit la morsure des flammes meurtrières. Il hurla et agonisa durant des secondes qui parurent interminables et l’impuissance du jeune seigneur lui faisait monter les larmes aux yeux. Des larmes de peine, de frustration et de rage.

Lorsque le conseiller cessa enfin de crier, mort pour de bon, tous les autres ne furent soulagés que l’espace d’un instant car ils étaient plus conscients que jamais de leur fin imminente et de la cruauté du sort qui les attendait.
- Non ! Dit le seigneur en répondant à ses propres pensées. Le sort ne nous attend plus, il vient à notre rencontre pour nous faucher tous.

Le jeune elfe qui régnait désormais sur les quelques survivants de son peuple se releva en fixant de nouveau son regard sur la lumière de l’incendie au loin. Le soleil dont la lumière parvenait à percer l’épaisse fumée formait comme un disque d’une pâleur morbide entouré de cette aura d’un noir rougeoyant. Le conseiller qui avait suggéré le voyage fut presque soulagé de constater qu’une flamme nouvelle, brûlait dans les yeux de son souverain. Mais il ignorait s’il s’agissait d’un simple vent de folie ou une détermination au potentiel aussi ravageur que le feu qui assassinait ses semblables.

- Il en sera donc ainsi, annonça le seigneur, la voix devenue calme, presque froide. Faîtes votre choix en votre âme et conscience. La souffrance pour la souffrance, c’est désormais notre destin. Mourrez par la souffrance du brasier ou accompagnez-moi pour vivre avec la souffrance d’un Lien brisé. Moi, j’opte pour la vie, afin que la mort de quelques-uns au moins ne soit pas inutile.
A cette déclaration dont chacun mesurait l’importance, certains des elfes survivants regagnèrent un peu de volonté, gagnés par la détermination de leur nouveau chef. D’autres ne sachant pas vraiment que faire regardaient autour d’eux en quête d’un miracle. Les secondes s’égrenèrent lentement. L’un après l’autre, les rescapés se rassemblèrent autour de leur seigneur, certains plus hésitants que d’autres, mais tous déterminés à respecter leur décision une fois prise.

Au final, tous les elfes qui n’étaient pas membres du conseil avaient fait le choix de suivre leur chef sur le chemin de la vie, où qu’il mène et quelles que soient les embûches qui s’y dressent.
- Estimables conseillers, dit le seigneur, vous n’êtes pas obligés de vous sacrifier tous pour nous secourir. J’ai la certitude qu’il reste assez de Vie pour nous sauver tous.
- Mon choix n’appartient qu’à moi, Seigneur. Et ma décision est de m’assurer que votre voyage se déroule au mieux. Ainsi va ma loyauté envers vous.
- Je reste aussi, dit un autre conseiller en s’avançant. Plus nous serons nombreux pour assurer le transfert du Souffle de Vie, plus vous aurez de chances d’arriver à destination en un seul morceau.
- Il en va de même pour moi, dit un troisième.
Le seigneur qui les regardait en face cru apercevoir dans les yeux de ce dernier un éclat qu’il n’y avait jamais vu, l’expression de quelque chose d’imprévisible… et dangereux.

Tous les membres du Concile tombèrent unanimement d’accord pour rester et assurer la sécurité de leur seigneur durant le transfert, ce qui contraria celui qui avait proposé ce voyage de la dernière chance. Il s'adressa alors à ses confrères:
- Il faut que l'un de nous au moins les accompagne, afin de soutenir notre jeune Seigneur et lui apporter un peu de la sagesse des années qui lui font défaut.

Un lourd silence s'installa durant une poignée d'interminable secondes durant lesquels les membre du Concile s'entre-regardèrent à la recherche d'un volontaire mais aucun ne semblait décidé à assumer cette tâche. Chacun avait au moins deux ou trois fois l'âge des survivants n'appartenant pas au Concile et chacun était cruellement conscient que la rupture du Lien lui serait infiniment plus pénible qu'aux plus jeunes, au point que la mort en était de loin préférable. Finalement, avec un lourd soupir d'angoisse, l'un d'eux s'avança pour rejoindre le groupe des voyageurs.
- Je le ferais, dit-il simplement.
Il n'était pas le doyen de ceux qui avaient décidé de rester, très loin de là, mais il était cependant nettement plus vieux que tous les autres.

Le grondement de l’incendie au loin se faisait de plus en plus menaçant. Chacun ayant pris sa décision, les membres du conseil se placèrent à intervalles réguliers le long d’un cercle imaginaire autour du groupe de volontaires pour le voyage.
Le temps sembla ralentir, comme pour être témoin de ce qui allait se produire. Les conseillers mobilisèrent la totalité de leur Souffle d’Esprit afin d’appeler à eux le Souffle de Vie. Ils savaient que cela les condamnerait à une mort certaine, mais elle serait rapide et indolore, ce qui serait un sort beaucoup plus clément que de périr par les flammes, ou de sentir la rupture de leur Lien.
Soudain, le jeune Seigneur s’effondra en hurlant dans une parfaite réplique de l’attitude de son compagnon mort quelques minutes auparavant. Plusieurs « voyageurs » se précipitèrent au secours de leur souverain en poussant des cris de surprise ou de détresse.
- Ne rompez pas le cercle, cria le conseiller à ses comparses. Il faut briser le Lien avant qu’il meure ! Allez !
Aussi vite qu’ils le pouvaient, les conseillers réunirent un peu de Souffle de Vie en essayant de ne pas prêter attention aux hurlements déchirants de leur souverain. Ils le concentrèrent et brisèrent son Lien en même temps que celui de tous les autres elfes.

Après un court instant de stupéfaction, les réactions furent variées allant des larmes silencieuses aux cris de désespoir en passant par une apathie presque catatonique, car tous venaient de perdre une part d’eux-mêmes. Leur peuple, leurs semblables, leur famille, avaient été exterminés presque sous leurs yeux, et ils devaient maintenant faire face à la rupture de leur Lien, la plus grande souffrance que l’on puisse imaginer. Ils perdaient à jamais un compagnon de toujours qui faisait partie d’eux. Tous savaient, au moment de prendre leur décision, que cela serait désagréable au possible, et qu’ils souffriraient plus que jamais durant ce tragique instant où il sentirent une partie d’eux même leur échapper comme du sable coulant entre les doigts. Mais aucun ne s’était attendu à souffrir à ce point. Aucun n’aurait pu simplement imaginer que la douleur puisse atteindre une telle intensité. Mais c’était le prix à payer pour vivre, et ils étaient désormais prêts à partir.

Les deux pires événements qu’ils pouvaient imaginer leur étaient tombés dessus en l’espace de quelques heures. Rien d’étonnant à ce que l’humeur ne soit pas au beau fixe. Dans leur état d’esprit, ils n’attendaient plus rien de la vie et se contentaient de se laisser porter par les événements dont ils n’avaient plus rien à faire. Plus rien n’avait la moindre importance, car il ne pourrait jamais leur être infligé pire torture.

Le seigneur avait cessé de hurler, toujours allongé sur le côté, ses bras ramenés près de lui. Sa vie n’était apparemment plus en danger immédiat, mais il était submergé par un tel désespoir qu’il ne parvenait même plus à verser des larmes. Une étrange torpeur s’était emparée de lui et paralysait son esprit.
- Envoyons-les ! Cria le conseiller.

De nouveau, les elfes qui formaient le cercle usèrent de leur Souffle d’Esprit pour rassembler le Souffle de Vie nécessaire. Puis ils employèrent ce dernier au transport des survivants vers un lieu de salut. Les corps des « voyageurs » semblèrent s’effondrer sur eux-mêmes comme si leur matière était aspirée en leur centre. Puis ils disparurent complètement sans le moindre murmure.
Lorsque ce fut terminé, le conseiller qui avait pris l’initiative voulu se détendre et rompre le cercle désormais inutile dans l’attente de la douce fin qui l’attendait, mais il ne parvenait plus à bouger ne serait-ce qu’un doigt.
- Moi, je n’ais pas terminé, dit un autre conseiller. Il reste encore de la Vie et je veux l’utiliser.
Ce dernier avait utilisé une parcelle de Souffle de Vie pour s’emparer de ses compagnons afin de pouvoir en invoquer plus encore. Mais pour en faire quoi ?
Le conseiller sentit son pouvoir commandé par le Souffle de Vie en invoquer toujours d’avantage. Non ! Il était en train d’invoquer la totalité de Vie qu’il restait ! Une pure folie.
- Cette planète, dit le conseiller renégat, ne portera plus aucune vie. Je vais donc m’arranger pour qu’elle vienne en aide à nos compagnons rescapés.
- C’est de la folie ! Tu va tout détruire !
- Tout est condamné de toute façon. Le feu va se répandre et tout réduire en cendres. Rien ne pourra le stopper.
- Une vie nouvelle peut naître de la mort. Tu n’as pas le droit d’anéantir cette chance !
- Je préfère miser sur la survie de nos compagnons que sur un hypothétique futur qui ne nous concerne en rien.
Le Souffle de Vie invoqué déferla alors dans la clairière avec une puissance à peine imaginable.
- Va, Créature Gardienne ! Clama le conseiller d’une voix forte. Va ! Que t’accompagnent les derniers fragments de la Vie de ce monde afin qu’une terre inconnue devienne le foyer de notre peuple !

Puis tout fut terminé. Le pouvoir reflua et les conseillers tombèrent morts d’épuisement l’un après l’autre.
Durant les jours qui suivirent, toute vie à la surface de la planète commença à se faner pour disparaître. Même le feu qui avait dévoré la moitié de la végétation qui couvrait ce monde avait cessé de brûler, vidé de sa vie.
Dans l’immensité de l’univers d’un noir d’encre piqueté de millions d’étoiles, un grumeau de planète vola soudain en éclats dans un silence oppressant, projetant des fragments de sa matière et de son être dans toutes les directions du vide intersidéral.

La vie en ce lieu n’avait plus sa place.
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Message  Ouroboros Mar 5 Mai - 16:25

Chapitre 2 : Le début du voyage

C’est par une journée tout à fait ordinaire en Midgard qu’apparurent les premiers signes avant-coureurs des bouleversements qui allaient bientôt transformer à jamais la face du monde. Le premier d’entre eux se manifesta de manière assez brutale pour un convoi marchand qui faisait la route depuis Balrein sur la rive Est du lac Cen pour se rendre au Beau Marché de Sargon qui se tenait lors du Jour de Loki du Cycle de la Lumière, première Lunaison de la Belle Saison.

Cette caravane marchande, constituée aussi bien de carrioles et de charrettes que de wagons ressemblant davantage à des maisons roulantes tirées par des attelages entiers de bœufs, était déjà sur la route de Sargon bien que dix jours les séparent encore du Beau marché et elle était escortée par deux hommes de L’ordre de Sleipnil pour se protéger des brigands, voleurs, pilleurs et autres opportunistes peu scrupuleux. Le chef de la caravane, autrement dit le plus riche et important des marchands qui en faisaient partie, aurait bien voulu pouvoir recruter quelques hommes de plus mais les membres de valeur de l’Ordre de Sleipnil avaient un prix élevé et il ne voulait pas s’encombrer d’hommes de rang inférieur.

Deux Sleipnil d’Elite accompagnaient donc la caravane. Le soleil jouant à saute-moutons avec les nuages arrivait à son apogée, le vent balayait la plaine et faisait danser les arbres et rien ne semblait indiquer le moindre danger. Mais tout le monde sursauta lorsqu’une sorte de détonation retentit soudain avec force. Aussitôt, un puissant courant d’air, plus chaud qu’aucun qui ait jamais traversé le royaume, remonta du Sud et renversa au passage la plupart des personnes qui se tenaient debout à ce moment-là, ainsi que les véhicules les plus légers qui finirent renversés sur le bord de la route. Cela ne dura même pas cinq secondes, mais ce fut plus que suffisant pour semer la panique dans le convoi. Lorsque  le calme revint, les hommes se regardèrent les uns les autres en se demandant ce qui venait de se passer. Tous les animaux du convoi paniquèrent, s’agitant et hurlant tout ce qu’ils pouvaient, piquèrent des deux en emportant dans leur course folle le véhicule qu’ils tractaient ou bien ruèrent et se cabrèrent, risquant de blesser quelqu’un à tout moment.

Il fallu plus d’une heure pour calmer les bêtes. Alors que les marchands s’afférèrent à récupérer le contenu des chariots renversés, les deux gardes se concertèrent un instant avant de se séparer. L’un d’eux restant près de la caravane pour assurer la garde et prévenir le chef marchand de leurs l’intentions, l’autre s’éloigna et se dirigea vers la forêt au sud, origine supposée de la déflagration. Et il n’eut pas à aller bien loin car après une petite heure de progression sous les arbres, il arriva dans une immense clairière qui n’était manifestement pas là ce matin. Dans cet espace qu’il avait devant lui, tous les arbres étaient couchés, déracinés ou cassés à la base du tronc, dessinant un véritable tableau de dévastation.

Et au centre de cet espace se trouvaient une centaine d’individus, allongés inconscients, assis le regard dans le vide ou même prostrés en position fœtale. Aucun ne se tenait sur ses pieds et aucun ne bougeait. S’attendant à y trouver un charnier, le Sleipnil s’approcha tout de même du groupe pour s’assurer de leur sort et sa surprise fut de taille lorsqu’il constata qu’ils étaient bien différents de lui. Le plus grand de ces êtres, s’il s’était tenu debout, n'aurait pas dépassé en hauteur le niveau de sa proitrine, leur peau avait un teint proche de celui du bois vert et leurs cheveux arboraient les couleurs vives des feuilles allant du vert chlorophyllien au rouge automnal.

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L’arrivée soudaine des Elfes au cœur de Northeim, sortis tout droits des mythes et légendes, créa une certaine agitation dans le royaume. Le groupe de survivants fut pris en charge conjointement par l’intendance du roi et l’Ordre de Sleipnil, ce qui ne fut pas de trop car dans les premiers temps, ils restèrent tous dans une torpeur presque catatonique. Mais au bout de quelques semaines, l’un d’eux sortit de son coma éveillé. Se présentant comme le Seigneur des restes de son peuple, il fut présenté au roi et au Leader de l’Ordre à qui il expliqua la situation de son peuple. Et pendant les quelques heures que dura cet entretient, d’autres revinrent également à la vie.

Leur Seigneur, Artann, expliqua aux dirigeants de Northeim ce qu’étaient les Elfes. Il leur expliqua le Souffle d’Esprit et le Lien, mais se garda soigneusement de ne jamais mentionner le Souffle de Vie, connu aujourd’hui de lui seul maintenant que le Conseil des Anciens et la famille royale toute entière avaient périt. Il leur expliqua que par la nature du Lien, il devait à présent quitter ces lieux pour partir à la recherche de sa moitié végétale, de même que devraient le faire tous ceux de ses compagnons qui émergeraient de leur torpeur. Une fois l’entrevue terminée, Artann fut autorisé à quitter la ville à la condition de revenir sans délais pour discuter de la place de son peuple dans le Royaume, puisqu’il était évident qu’ils y resteraient désormais. Avec les quelques elfes qui s’étaient réveillés, il quitta alors la civilation humaine pour partir vers l’endroit ou son Lien lui dictait de se rendre.

Le voyage ne fut pas très long, et sans incidents notables, si ce n’est l’émoi provoqué parmi les humains qu’ils rencontrèrent en route. Les membres du petit groupe qui l’accompagnait décidèrent à l’unanimité qu’Artann serait le premier à sceller son nouveau Lien et qu’il dirigerait donc le voyage. Finalement, après de longs jours de voyage ininterrompu, il fini par trouver ce qu’il cherchait au cœur de la grande forêt qui s’étendait le long de la rive nord du fleuve Fraij sur des centaines de lieues. Parmi les arbres centenaires d’essences inconnues du peuple Syvide, dans un petit espace dégagé, se dressait un tout jeune arbre, ne dépassant pas un mètre et demi de hauteur. Artann sentit au plus profond de lui, en le voyant qu’il avait trouvé sa moitié végétale. Il s’approcha, tendit une main et la posa délicatement sur le mince tronc de bois. Il ressentit comme une sorte de déclic dans son âme et son nouveau Lien fut scellé.
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Message  Ouroboros Mar 5 Mai - 17:29

Chapitre 3 : Le Grand Cataclysme

Après l’éveil des premiers Elfes, Pradell et ses habitants n’eurent que peu de repos, la ville étant gagnée par une effervescence extatique. Le jeune Seigneur des Elfes avait tenu sa promesse et s’était présenté au Roi après que tous ses compagnons éveillés aient scellé leur Lien. Cet entretient réunissait également la plupart des conseillers du roi, quelques nobles de la cité à la tête de son fonctionnement ainsi que des représentants de l’Ordre de Sleipnil, et dura plusieurs jours. Artann se languissait de retourner dans la forêt où il avait laissé ceux de ses compagnons qui s’accommodaient le moins bien à la civilisation humaine. D’autres avaient tenu à l’accompagner, presque stimulés malgré leur douleur de découvrir tant de nouvelles choses. Le jeune Seigneur endura stoïquement l’interminable séance où tout le monde parlait sans cesse, souvent inutilement, car il savait parfaitement que c’était une condition indispensable pour que ces humains consentent à accueillir sur leurs terres ces étrangers. Il découvrit que les humains avaient un puissant attachement à la notion de territoire et de propriété, ce qui était presque étranger au monde des Elfes jusqu’à présent. Mais étant devenus des exilés, des réfugiés, les choses risquaient de changer sur bien des points.

Il fut décidé qu’un territoire, la grande forêt traversée par le fleuve Fraij, serait alloué aux Elfes Sylvides afin d’y abriter leur peuple. Le Roi insista toutefois sur le fait que ce territoire appartenait toujours au Royaume et que les Elfes n’y étaient que « locataires ». Après quoi il décida, sur les conseils des représentants de l’Ordre et à l’encontre de l’avis de certains de ses propres conseillers, de faire une annonce officielle afin d’en informer le peuple. Toutefois, le terme « Elfe » devait éviter d’être employé pour ne pas créer confusion avec ceux mentionnés par leurs croyances et ils seraient simplement dénommé « Sylvides ».

L’annonce fut très vite répandue et créa bien entendu une grande agitation. Les forces royales et les Sleipnil travaillèrent de concert pour maintenir l’ordre dans le royaume jusqu’à ce que le peuple digère cette nouveauté. Beaucoup de gens arpentèrent la ville ou battirent la campagne dans l’espoir d’apercevoir l’un de ces Sylvides. On leur avait demandé de rester quelques temps en ville et de s’y montrer assez souvent pour habituer les habitants. Si leur présence en un lieu causait beaucoup d’agitation autour d’eux les premiers temps, les choses se calmèrent peu à peu au fil des semaines écoulées.

La capacité unique des Elfes à invoquer le Souffle d’Esprit impressionnait beaucoup les gens et les réactions étaient très variées, allant de la vénération à la haine. Certaines personnes les disaient envoyés des Dieux avec leurs pouvoirs magiques, malgré les vains efforts des Sylvides pour démentir ces racontars, et d’autres les considéraient comme des abominations ou des envahisseurs qu’il fallait éradiquer. Il y eu plusieurs incidents au cours de cette période d’adaptation, mais sans conséquences graves. Cependant, les Sylvides apprirent à connaître un peu les gens qui les avaient accueillis : capables d’une grande bonté comme d’une grande cruauté, changeants, imprévisibles, et avec qui il ne faut pas se fier aux apparences. Ils apprirent des notions qui leur étaient jusque là étrangères, telles que la convoitise, le vol ou le meurtre. Tout en répondant aux innombrables questions de leurs interlocuteurs, les Sylvides apprirent peu à peu le fonctionnement du monde qui serait désormais le leur.

Mais tous ne supportèrent pas cet environnement grouillant qu’était la ville dans laquelle ils évoluaient. Deux ou trois partirent en courant quitter la ville au plus vite et rejoindre la forêt, parfois après avoir demandé l’accord de leur Seigneur, d’autres fois sans dire un mot. La plupart, avec le temps, montraient des signes de nervosité. D’autres, en revanche, semblaient très bien s’accoutumer à cette vie, et peut-être même un peu trop bien, copiant les habitudes humaines et adoptant rapidement leurs us et coutumes, et pas toujours les meilleurs. Plus d’une fois, un Sylvide fut jeté hors d’une taverne plus saoul qu’une outre de vin.

Lorsque le temps fut venu, la plupart des Sylvides, dont plusieurs fraichement éveillés et n’ayant pas encore scellé leur Lien, quittèrent la grande cité de Pradell et regagnèrent la forêt, tandis que quelques-uns décidèrent de demeurer parmi les humains pour diverses raisons. Le nouveau domaine des Elfes Sylvides fut nommé « Alronde » en mémoire du Conseiller Alronde qui leur avait offert cette chance de vivre. A son retour dans la forêt, Artann constata que ses compagnons avaient déjà commencé à faire pousser leurs nouveaux foyers, opération délicate consistant à accélérer et orienter la croissance de certains arbres grâce à une utilisation subtile et continue de Souffle d’Esprit. Cela nécessitait plusieurs jours de concentration constante et ininterrompue et il était nécessaire de s’y mettre à plusieurs pour les plus grandes constructions.

Le temps passa comme à son habitude et les semaines s’égrenèrent. Et moins d’un an après la soudaine apparition des Elfes Sylvides en Midgard, au cours du cycle de l’Eau, survint le Grand Cataclysme. Le premier signe put être observé de nuit par l’ensemble du royaume sans que personne ne se doute du désastre qu’il annonçait, car le fait que les étoiles filantes soient plus nombreuses qu’à l’accoutumée n’avait rien d’alarmant. Les gens commencèrent à s’inquiéter lorsqu’ils virent de multiples traits de feu traverser le ciel en pleine journée, se multipliant au fil des heures. Et avant que le jour ne se termine, ces boules de feu céleste se mirent à tomber au sol un peu partout dans le monde. Les premières chutes furent éparses et durèrent jusqu’au matin suivant. Beaucoup de projectiles tombèrent dans des régions inhabitées, mais ils causèrent aussi des dégâts dans les villes, traversant des toits comme du papier et provoquant des incendies heureusement très localisés.

Et alors qu’on croyait le pire derrière, s’interrogeant encore ce qu’il s’était passé, le ciel tout entier sembla s’embraser. Des roches de feu se mirent à tomber à nouveau, par centaines, par milliers, et certaines étaient plus grosses que des maisons, ravageant des quartiers entiers, brûlant des hectares de forêt ou de cultures et laissant des cicatrices sous la forme de cratères. Aucune région du monde ne fut épargnée. A Pradell comme dans toutes les villes monde, beaucoup de maisons furent détruites par les impacts et des quartiers entiers furent ravagés par les flammes. Alors même que cette pluie infernale atteignait son paroxysme, le royaume tout entier fut témoin d'une vision de cauchemar. Une gigantesque boule de roche et de feu, était apparue dans le ciel si imposante qu’elle devait bien faire la taille de Pradell toute entière. Arrivant en pleine journée, elle était demeurée invisible aux yeux des habitants jusqu'au moment où elle s'embrassa en entrant dans l'atmosphère. C’était comme une seconde lune incandescente apparue soudainement dans le ciel. Cet imposant destructeur traversa le ciel de Northeim en un éclair et alla disparaître au-delà de l'horizon à l'est, heurtant le sol quelque part dans les Terres Inexplorées. L’impact fut si violent que l’explosion fut visible jusqu’à Sargon par-dessus les cimes aux neiges éternelles et le continent tout entier fut ébranlé sur ses fondations, détruisant plus encore de bâtiments et de vies. Dans les jours qui suivirent, les boules de feu continuèrent à tomber, se faisant de plus en plus petites et de plus en plus rares, et un immense panache de cendres et de fumée s’éleva continuellement  dans le ciel depuis l’est, si haut qu'il cacha la lumière du soleil pendant des lunaisons entières.

La chute du Destructeur lors du Grand Cataclysme, au troisième jour de Màni du Cycle de l’Eau marqua le début de l’ère des Sceaux.

La suite ici.
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